vendredi 22 avril 2011

25 ans après Tchernobyl, Fukushima.




Aussi élevé que soit le niveau de la sécurité des centrales nucléaires, le risque d'accident est là. Vingt-cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl, c'est au Japon, pays de très haut niveau technologique, avec une économie moderne et développée, champion des constructions anti-sismiques que la nouvelle catastrophe nucléaire vient d'avoir lieu. 

Avec plus de cinq cents centrales en exploitation dans le monde, ce rythme d'accidents chaque quart de siècle est inévitable. Toute activité humaine comporte des dangers et il nous appartient, nous la communauté des hommes et des femmes vivant sur cette planète de décider quel est le risque acceptable en regard du service rendu. Ce n'est pas le cas avec le nucléaire. Dans tous les pays du monde, l'opacité  règne. Cette industrie, inévitablement liée aux enjeux stratégiques du nucléaire militaire, échappe à tout contrôle démocratique. C'est pourtant la seule activité humaine créant un tel niveau de danger. Aucune autre industrie n'a ainsi la capacité de stériliser un pays entier pour plusieurs générations. On ne sait pas ce qui se passe à Fukushima. On sait que c'est très grave puisque les autorités japonaises ont réévalué cet accident au niveau 7, c'est-à-dire le même niveau de gravité que Tchernobyl. Le 26 avril 1986, c'est le coeur de la centrale qui explose et projette dans l'atmosphère le combustible nucléaire en fusion. C'est le pire scénario que l'on puisse imaginer. Ce n'est pas ce qui s'est passé au Japon. Pour quelle raison l'accident est classé au même niveau que Tchernobyl ? Nous le saurons peut-être un jour.

Quelles sont les conséquences d'un accident nucléaire majeur ? Le moins que l'on puisse dire est que les informations sur Tchernobyl sont difficiles à obtenir. Ne revenons pas sur le lamentable épisode du gouvernement français organisant une mensonge d'État avec la fable du nuage radioactif stoppé net à nos frontières. La Ligne Maginot aurait enfin servi à quelque chose !
Récemment, décembre 2009, l'Académie des Sciences de New-York (NYAS) publiait le recueil de données scientifiques le plus complet à ce jour sur l'étendue des dommages consécutifs à Tchernobyl. Des émissions radioactives deux cents fois plus élevées que les bombes d'Hiroshima et Nagasaki, nombre de décès à travers le monde estimé à 985 000, entre 112 000 et 125 000 morts sur les 830 000 "liquidateurs" intervenus sur les lieux de la catastrophe. Pendant ce temps, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) continue de parler d'une cinquantaine de morts parmi les liquidateurs et de 4 000 décès potentiels attribuables à la contamination radioactive de Tchernobyl. On comprend ces invraisemblables écarts quant on sait que l'OMS ne peut entreprendre aucune recherche ni diffuser la moindre information sur toute question liée aux rayonnements ionisants sans l'autorisation de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) Il s'agit d'une désinformation constante que l'AIEA organise afin de minimiser les conséquences sanitaires des activités nucléaires. 

Le professeur Y. Bandajevski lors de son procès


Les études indépendantes ne sont pas faciles à mener. Le professeur Bandajevski en a fait la cruelle expérience. Recteur de l'Institut de Médecine de Gomel, Biélorussie, proche de Tchernobyl, il met en évidence les processus pathologiques induits par la contamination chronique des enfants. Arrêté le 13 juillet 1999, il est condamné en 2001 à 8 ans de prison. Le procès est une parodie de justice et sa libération n'est obtenue qu'en janvier 2006 dans le cadre des discussions d'entrée de la Biélorussie dans l'Union Européenne. Youri Bandajevski est aujourd'hui à Clermont-Ferrand et travaille en liaison avec la CRIIRAD toujours sur les conséquences de l'exposition aux radionucléides, en particulier le Césium 137. Ses études, comme de nombreuses autres études indépendantes menées en Russie, Ukraine et Biélorussie sur les zones contaminées ont établi une augmentation significative de tous les types de cancers, des maladies des voies respiratoires, des affections cardio-vasculaires, gastro-intestinales, génito-urinaires, endocriniennes, immunitaires, des atteintes des systèmes lymphatiques et nerveux, de la mortalité prénatale, périnatale et infantile, des avortements spontanés, des malformations et anomalies génétiques, des perturbations ou des retards du développement mental, des maladies neuropsychologiques et de nombreux cas de cécité. Augmentation significative veut dire que les taux ont doublé, triplé, quadruplé, voire plus dans certains cas. 

Informations tirées de Politis du 21 avril.

Il faut ajouter aux résultats de ces études le fait qu'il n'est pas possible de se débarrasser des conséquences de l'explosion du réacteur. La zone est contaminée pour des durées dépassant tout horizon humain sans aucune possibilité de décontamination. On mesure la durée pendant laquelle un radionucléide est dangereux avec sa demi-vie qui est la période nécessaire pour que l'élément voit sa radioactivité diminuer de moitié. L'iode 131 a une demi-vie de 8 jours, le Césium 136 : 13 jours, le Césium 137 : 30 ans, et cela va jusqu'au Plutonium 239 avec 24 110 ans. Il faut pour la plupart de ces substances plus d'une dizaine de demi-vies avant d'être inoffensives.  Les zones contaminées ne seront donc jamais des endroits habitables à l'échelle humaine.

Chaque centrale est dangereuse pendant son fonctionnement normal.

Par ailleurs les déchets sont produits de manière inéluctable. On nous parle de retraitement dans la fameuse usine de La Hague. Le mot laisse entendre que les déchets nucléaires une fois retraités sont sans danger. Il n'en est rien. Aucune technologie ne permet de raccourcir la durée de dangerosité des radioéléments. Le retraitement consiste à conditionner les déchets, par vitrification entre autres, avant le stockage. Mais le stockage doit durer autant que le déchet est actif, soit plusieurs siècles pour le Césium 137 et plusieurs centaines de millénaires pour le Plutonium 239. Oui, vous avez bien lu, plusieurs centaines de millénaires. La seule attitude responsable est la sortie du nucléaire et le plus tôt sera le mieux.

Brennilis
C'est ce que propose le Parti de Gauche dans le cadre de la planification écologique. Le mot de planification évoque une intervention de l'Etat et il est évident qu'il ne faut pas compter sur le marché et les entreprises privées pour mener cette transformation majeure de notre société. Nous voulons un Etat fort sachant prendre ses responsabilités face aux enjeux actuels. Planification évoque également la durée, sortir du nucléaire n'est pas une mince affaire et durera au minimum un quart de siècle. 

La plus ancienne centrale en France, celle de Brennilis est en cours de démantèlement depuis 1985. Superphénix, le surgénérateur situé à Creys-Malville a été stoppé en 1998 et son démantèlement entrepris. Dans les deux cas, tous les calendriers ont explosé, aucun délai n'est tenu et personne ne sait ce que coûteront au final ces travaux de démantèlement. Apprendre à démanteler les centrales nucléaires est un enjeu de santé publique, mais aussi un enjeu industriel majeur. Quelque soit le scénario retenu, sortie immédiate du nucléaire ou la position actuelle du gouvernement de maintien du mix énergétique, la crédibilité de chaque option passe par notre capacité industrielle à mener à bien un démantèlement. Cette capacité n'est pas acquise aujourd'hui. 
Par contre la possibilité de le faire sans remettre en cause la fourniture d'énergie à la population est elle acquise. Si 80% de l'électricité consommée en France est d'origine nucléaire, cela ne représente que 17% de l'énergie totale que nous utilisons et 6% à l'échelle de la planète. Le rapport Charpin, Pellat et Dessus remis au Premier Ministre fin 2010 montre même que le coût de sortie du nucléaire est équivalent à celui du maintien du mix énergétique actuel, c'est-à-dire, la poursuite d'un plan de construction de centrales comme l'EPR de Flamanville.

Que ce soit "Un scénario vert pour la France"de l'Institut d'Evaluation des Stratégies sur l'Energie et l'Environnement élaboré sous la houlette de Pierre Radanne en 1999 ou la nouvelle version du scénario "Négawatt" de 2006, on dispose de façon méticuleusement détaillée du chemin de sortie du nucléaire avec une division par 4 des émissions de gaz à effets de serre en 2050. Dans tous les cas, il faut apprendre à diminuer fortement nos consommations. Mais nous savons que cela est possible sans remettre en cause le service rendu actuel.

Aujourd'hui, l'essentiel de l'effort de notre appareil industriel, de nos ingénieurs et techniciens reste accaparé par le nucléaire.  C'est une autre raison pour décider tout de suite de la sortie planifiée du nucléaire, cela sera le signal indispensable pour lancer enfin le grand chantier des énergies renouvelables.

Le réseau Sortir du Nucléaire organise un certain nombre de manifestations pour les 25 ans après Tchernobyl. Un pique-nique est organisé sur le site de la centrale de Braud et Saint-Louis. Le PG 17 s'associe à cette manifestation. Rendez-vous lundi 25 à 11h devant la Sous-Préfecture pour un départ en covoiturage de Saintes afin d'être sur le site à 12h.


8 commentaires:

  1. À part le fait que le mot "État" dans le sens où tu l'emploies prend une majuscule, et qu'il serait pas plus mal qu'au-delà de l'heure et du lieu de rendez-vous pour la manif, tu en donnes aussi la date, je partage absolument tout ce que tu dis dans cet article, et je te félicite très sincèrement de l'avoir pondu, d'aussi belle manière! Chapeau, compañero...
    Denys

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  2. J'ai mis une majuscule à "Etat" mais je n'ai pas trouvé le moyen de mettre un accent. C'est pour mettre l'accent que j'avais gardé la minuscule. Merci des félicitations, j'ai bossé pour pondre cet article.
    Jean-Yves

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  3. Bon, un peu de pratique : quand tu tapes "Etat" (sans majuscule) tu vois apparaître un p'tit pointillé rouge sous le mot. Alors, avec ta souris, tu cliques sur le mot souligné et tu vois apparaître une liste de propositions, dont la bonne : État
    Et hop, tu la choisi et par la magie de l'informatique, hop encore, le mot apparaît corrigé dans ton texte...
    Bonne soirée, bonne nuit (je suis content d'être ici à faire ce que je fais, mais Saintes et mon "chez moi" me manquent un peu... Sans parler des amis !)
    Denys

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  4. choisi ou choisis ? faute de frappe impardonnable, dégât collatéral... autant pour ma pomme 8

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  5. Pour écrire directement les majuscules accentuées, on peut utiliser les codes ISO. Voici les codes internationaux pour ÀÇÉ:
    maintenir la touche "Alt" appuyée et taper sur le pavé numérique le numéro,
    relâcher la touche Alt,
    la majuscule accentuée apparaît à l'écran.

    Pour À: Alt 0192,
    pour Ç: Alt 0199,
    pour É: Alt 0201 et
    pour È: Alt 0200.

    Pour plus d'information: http://accentuez.mon.nom.free.fr/

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  6. Si quelqu'un sait mettre le blog à l'heure : mon commentaire du 23/04 à 7 h indique 22/04 à 22 h !!! Actuellement il est 7 h 08

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  7. C'est bon, j'ai modifié : on avait le fuseau horaire Pacifique GMT - 8 ! Un voyageur doux rêveur sans doute...

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  8. Aucune de vos techniques ne marche sur mon ordi, ni le correcteur orthographique, ni les codes iso. Comme il y avait du monde à la centrale aujourd'hui, du monde suffisamment sympa pour me faire partager leur pique-nique vu que je n'avais rien préparé, je vous ramène la photo qui dit qu'EDF est certifiée iso .....

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